Mythes
et idées reçues
Le mot “ douance” évoque en nous une série d'images
préconçues. Certaines sont justes, d'autres le sont beaucoup
moins. Or, les idées fausses sont dangereuses car elles peuvent
nous enfermer dans une croyance erronée qui nous empêchera
parfois de comprendre réellement les personnes douées. Petite
mise au point à propos de ces théories “ toute faites
” encore trop répandues à l'heure actuelle…
1) Tous les enfants sont doués.
Effectivement, tous les enfants présentent des
dons dans l’un ou l’autre domaine. Le mot « doué
» s’étend généralement à d’autres
domaines que le don intellectuel, tel que en sport, en dessin, en art…
Le terme « surdoué », tel que nous
l’entendons ici, se rapporte plus particulièrement au don
intellectuel.
Alors que les dons artistiques, sportifs ou musicaux sont
généralement bien perçus par l’entourage de
ceux qui les manifestent, le don intellectuel semble souvent plus «
dérangeant » notamment car dès le plus jeune âge,
à l’école, c’est presque exclusivement sur leurs
capacités intellectuelles que les enfants seront « jugés
». Dès lors, celui qui réussit toujours bien et qui
sait toujours tout plus vite que les autres sera généralement
vite catalogué par ses pairs. Les enfants surdoués présentent,
en plus de ces facilités, un mode de fonctionnement particulier
(hypersensibilité, intolérance à l’injustice,
hyperstimulabilité…) qui trop souvent les mène au
rejet et à la solitude.
2) Un enfant surdoué est un enfant doué
dans toutes les matières scolaires (français, maths, sciences…)
et dans tous les domaines (sport, art, musique…).
Certains enfants surdoués sont performants dans
tous les domaines (scolaire, sport, art…). Néanmoins, la
grande majorité d’entre eux sont doués dans un ou
plusieurs domaine et présentent parfois même des troubles
d’apprentissage dans d’autres.
Il faut bien faire la distinction entre « talent
» et « don ». Le don est présent chez l’enfant
dès son plus jeune âge. C’est le fondement de la douance.
Inné, en partie au moins, ce don se transformera en talent (performance,
maîtrise dans un domaine particulier) s’il est encouragé
par l’environnement et développé à force de
travail et de motivation. On peut donc être doué sans être
talentueux.
3) Les enfants doués sont des enfants «
poussés » par leurs parents.
S’il était possible de « fabriquer
» des génies, ça se saurait !
Un enfant surdoué est en demande d’apprentissage.
Il a besoin d’être « nourri » intellectuellement.
Son environnement doit répondre à sa soif de connaissance
sous peine de voir l’enfant s’éteindre, se renfermer
sur lui-même, voire sombrer dans la dépression.
4) Les enfants doués sont performants dans
tout ce qu’ils entreprennent.
Avec quelques variantes : "Etre intelligent, c'est
forcément réussir." "Il est si doué, il
doit être riche ?" "S'il a réussi, il est forcément
intelligent !" "Il pourrait réussir tout ce qu'il veut,
si seulement il voulait s'en donner la peine ..." "Peut mieux
faire ..."
Qui n'a pas entendu un jour ces "petites phrases", dans la bouche
de personnes plus ou moins bien intentionnées ..?
Souvent, les surdoués n'ont pas les mêmes
préoccupations que les autres et ne donnent pas le même sens
au mot "réussite", entraînant des jugements expéditifs
sur leur incapacité à performer, voire à réussir,
malgré leurs évidentes capacités.
La réussite et le succès sont des notion très subjectives
: faut-il "réussir dans la vie" ou "réussir
sa vie" ? Elles dépendent à la fois du système
de valeurs de l'individu et de celui de son entourage (on peut estimer
avoir réussi sa vie sans avoir jamais brillé).
On voit donc que "surdoué" est loin d'être,
comme on le craint parfois, synonyme d'"élite", "réussite",
"richesse" ou "pouvoir".
5) Les surdoués n’ont pas besoin
d’une éducation adaptée.
A priori, on pourrait croire que c’est à
l’école que devrait se révéler en priorité
les capacités de l’enfant doué. En pratique, c’est
souvent à l’école que cet enfant souffre le plus !
Son mode de fonctionnement particulier le marginalise.
Il ne comprend pas toujours ce qu’on attend de lui et a du mal à
s’adapter aux exigences et aux normes d’un système
trop différent du sien. De leur côté, les enseignants,
généralement peu ou mal informés, acceptent difficilement
cet enfant qui semble intelligent et qui pourtant ne réussit pas
aussi bien qu’on l’attendrait.
La douance implique un mode de pensée particulier,
doublé d'un fonctionnement affectif très spécifique,
qui rendent parfois l'adaptation à l'environnement difficile, mais
qui présentent également beaucoup de bons côtés.
Les enfants surdoués ont donc besoin de mesures éducatives
qui les aideront à exploiter leur potentiel, mais surtout à
s’épanouir et à être bien dans leur peau.
6) Les enfants doués ont déjà
plus de chance que les autres enfants à la base; ils n’ont
pas besoin qu’on s’occupe d’eux !
Les enfants doués sont généralement
très indépendants, réussissent facilement durant
les premières années de leur scolarité, se débrouillent
seul, font preuve de maturité…
Ces aspects les plus positifs de la douance laissent parfois
croire aux parents et aux enseignants que l’enfant doué a
moins besoin d’encadrement et qu’ils peuvent consacrer le
temps ainsi gagné aux frères et sœurs ou aux autres
élèves présentant plus de difficultés.
Or, les enfants doués, de par leur mode de fonctionnement
particulier, sont des enfants fragiles : leur sensibilité exacerbée,
leurs interrogations et le sentiment de différence qu’il
ressentent fréquemment les rendent très vulnérables.
Ils ont besoin d’être encadrés, « protégés
» par les adultes qui les entourent.
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