Troubles réels
ou supposés ?
Beaucoup
d'enfants, d'adolescents et d'adultes doués sont erronément
diagnostiqués comme ayant des troubles du comportement, voir
des troubles mentaux. On essaie, à coup de médicaments
ou de thérapies inutiles, de les faire entrer dans le moule
de l'école, de l'entreprise ou de la famille, ou de rendre
leur vie ou leur situation plus satisfaisante.
D'autres,
par contre, ont des troubles qu'ils compensent ou camouflent grâce
à leur intelligence, au point qu'on les considère simplement
doués.
D'autres,
enfin, souffrent de troubles très réels, mais ni eux
ni les professionnels qui les traitent ne réalisent le lien
entre ces troubles et leur douance.
Parfois,
les caractéristiques de la douance sont mal interprétées;
parfois, elles dissimulent les troubles cliniques. Dans d'autres situations,
le diagnostic est correct, mais la douance doit être prise en
compte dans le traitement.
Parmi
les troubles ou particularités fréquemment associés,
on retrouve : dépression existentielle, TDA/H, TOC, Asperger,
trouble bipolaire ou maniaco-dépression, cyclothymique, borderline,
schizoïde, trouble anxieux, troubles de l'apprentissage (dyslexie,
dysorthographie, dyscalculie, dysgraphie, dyspraxie visuo-spatiale, troubles instrumentaux),
spasmophilie, fibromyalgie, phobie scolaire ou sociale, synesthésie, etc.
Nous
essaierons dans les pages suivantes de comparer les comportements
des personnes douées avec ceux de personnes souffrant d'un
trouble diagnosticable, afin de distinguer ce qui est pathologique
de ce qui est normal pour un individu doué. Nous verrons également
quand il y a recouvrement entre la douance et un trouble particulier.
Il faut également souligner que certains troubles peuvent résulter
de l'inadéquation entre l'individu et son environnement et
que, souvent, le diagnostic est basé sur des comportements
qui agacent les parents ou les enseignants, mais pas l'enfant lui-même.
A l'inverse, la personne peut réagir correctement à
une situation intolérable, mais des professionnels mal informés
vont tenter de faire changer l'individu, plutôt que d'adapter
la situation ou l'environnement.
La plupart
des termes utilisés dans les diagnostics sont issus du DSM-IV
(Diagnostic and Statistical Manual, 4e édition), la bible des
psychiatres, psychologues et autres thérapeutes, qui est essentiellement
une liste descriptive, parfois imprécise, de symptômes;
l'interprétation est laissée à la discrétion
du praticien. Trop souvent, les comportements normaux des enfants
et adultes doués sont considérés comme des maladies
et on tente de les traiter à coup de médicaments. Et
si ceux-ci améliorent le comportement, on sera amené
à la conclusion erronée que le diagnostic est confirmé.
Pratiquement
aucune des catégories du DSM-V ne tient compte des caractéristiques
des enfants et adultes doués. A l'inverse, de nombreuses listes
de critères considèrent l'impact du fonctionnement intellectuel
comme un critère d'exclusion, mais seulement dans des cas
de retard mental. Les auteurs du DSM-IV semblent admettre que les
capacités mentales affectent le diagnostic à un bout
de la courbe, mais n'arrivent pas à reconnaître que des
différences existent à l'autre bout également.
Espérons que ceci sera corrigé dans une future édition
du DSM-IV.
En attendant, évitons autant que possible de pathologiser des comportements qui sont tout simplement normaux pour des enfants
et adultes doués et talentueux.